mercredi 9 mai 2012

Rendez-vous à Firehole : partie 4

10 Août, 23h30


AAAAAAAAAAAAAAAAAH et aussi jjsdfjjsfnnnvhrhgfvnnvhrucbdhgfgrcbxhgy !!!!!!! C'est dit.
Qu'est-ce que je vais faire maintenant, QU'EST-CE QUE JE VAIS FAIRE ???
On va faire comme d'habitude, ne rien changer, ça a toujours marché : écrire tout dans les détails du début à la fin, tout finira par s'éclairer comme par magie.
(sdfnfjfnvndrhygcvhfrfjnvfj)

Donc, je reprends depuis le début. Dou-ce-ment.
D'abord, Minitowoc, l'arrivée du bateau, un dernier auto-stop dans un espace avec trois gamins à l'arrière. Pas de problème particulier, ils m'ont déposée sur le parking d'un motel assez sympa où j'ai dîné et passé la nuit. Des détails dont je me fous, mais il FAUT que je le fasse, dans l'ordre, avec ces petits rien, tous ces petits rien. Lever vers 7h, assez décalée, une petite demi-heure à regarder passer des voitures avant que Sam (photo ci-contre) ne s'arrête. Un super gars, Sam, il devait aller jusqu'à Stevens Point mais il a accepté de pousser un peu jusqu'à Minneapolis, soit deux heures de plus. Un ange. Papa d'une petite fille de quelques mois, complètement dépassé et transi d'amour, il a peur de la casser quand il la soulève de son berceau. J'ai pensé à moi, à mes presque 26 ans, à avoir un bébé dans le ventre. Non, toujours aussi bizarre. 


 Après, ça a été Minneapolis, et Sam m'a fait un rapide tour des principaux points à visiter, avant de s'excuser, sa petite Jessica l'attendait. 
Après les petites routes et les petites villes, Minneapolis fait figure de géant d'acier, typique mais fascinante. Une compétition de building, des gens partout, un beau soleil d'été. 

Je crois que j'étais en train de m'acheter un hot-dog à l'un de ces vendeurs ambulants qu'on voit toujours dans Sex and the city quand le portable de Guillaume a vibré dans ma poche. Numéro inconnu, j'ai remis le portable à sa place. GROSSE DÉBILE. Nouveau vibrement signifiant un message vocal, j'ai laissé vibrer. DOUBLE CONNE.

Je me suis tapé un tripe dans la grande ville, regardé le soleil descendre sur les vitres, puis je suis allée à l'hôtel que j'avais repéré. 

Soirée banale, plateau-repas, Catch me if you can à la télé en bel américain, puis je me brosse les dents, et, comme ça, par pure curiosité, j'ouvre le téléphone de Guillaume et tape 888.

"Bonjour. Vous avez... Six nouveaux messages."
Oh mon dieu.

"Nouveau message. Reçu le 9 à 06h57 : Elina, c'est moi, Guillaume, réponds s'il te plait, je ne dormirai pas tant que tu ne répondras pas. Ta mère...
"Message supprimé."
"Nouveau message. Reçu le 9 à 12h12 : Elina, je veux juste savoir si tu vas bien, décroche, s'il te plait. Ton portable est éteint, je n'ai plus que ce moyen de te joindre, tout le monde ici se demande ce qui te pr..." 
"Message supprimé."
Je passe les autres, j'ai reconnu la voix de Guillaume sur les deux suivants. Dans le cinquième message, c'était Fanny. Détendue, et pas stupide, elle avait bien compris ce que je fabriquais. Et elle massacrait toujours le nom de Stephen, mais en le prononçant à la sensuelle, en laissant traîner le S, "Ssssssteven va bien ?"
Et le message 6 : "Nouveau message. Reçu le 10 à 16h12 : Euh, bonjour, je ne sais pas si je suis au bon endroit (j'ai laissé ma brosse à dents dans ma bouche alors que la mousse me coulait sur les lèvres. C'était un accent québécois.) La messagerie dit que je suis le GSM de monsieur Garnier, mais j'essaye, au cas où... Voilà, je suis Jim, le directeur de Leaf Rivers Outfitts. Je cherchais à joindre la demoiselle qui a téléphoné il y a deux jours, pour le nom de famille de Stephen. Je suis avec un de ses amis, là, et il m'a laissé ses coordonnées. (La mousse dégoulinait carrément sur mon menton et j'ai serré la brosse à dents sans m'en rendre compte. Comme ça m'a fait mal, je suis allée cracher dans l'évier et j'ai vu ma tête. Deux grands yeux de chouette sur un linge blanc). Voilà, son nom c'est Stephen Ryan Collins, il habite à Helena dans le Montana. Son ami n'a pas son adresse, mais son numéro de téléphone, un fixe. Je vous le laisse: 406 866 555 12."
Oui, j'ai appris le numéro par coeur. En réécoutant le message sept fois. 
J'ai son nom, j'ai son numéro, PUT..., je peux l'appeler quand je veux, si je veux, onze chiffres et je l'ai au bout du fil. "Allô... Stephen ?"
Non, je ne peux pas. Je ne peux tout simplement pas.
A un moment donné, j'ai failli reprendre le téléphone pour rappeler Jim, lui demander de choper l'ami de Stephen et lui dire de ne SURTOUT PAS passer le message à Stephen que le cherchais. Puis j'ai réalisé qu'il était 23h passés et que c'était complètement crétin en plus de ça.


Alors voilà. Minuit approche et je sais que je ne vais pas dormir.
Un peu parce que je suis dans un hôtel au milieu du Wisconsin.
Un peu parce que ça m'a fait bizarre d'entendre la voix de Fanny.
Beaucoup parce que j'ai réalisé d'un coup ce que j'étais en train de faire. J'ai laissé Stephen partir, après tout, je n'ai rien fait pour le retenir. La dernière fois où on s'est parlé, avant le canoë, je lui balançais à la gueule que je n'avais jamais eu besoin de lui. Et maintenant je traverse les Etats-Unis pour débarquer chez lui, dans sa vie, alors que je ne sais pas qui il est, après tout ? Et pour quoi au juste ? Parce que j'ai aimé oublier que j'existais quelques secondes, à ses côtés, devant une aurore boréale ? Parce qu'il semble aimer la terre qui nous porte, la nature, le feu, l'eau et le ciel ? Parce qu'il fronce les sourcils ? Mange les brochettes de chamalow à pleines dents avec la distinction d'un gentleman ? M'a porté comme une plume pour me sauver d'un ours et d'une horde de caribous ?

Stephen Ryan Collins. 
Stephen Ryan Collins. Helana, Montana. 406 866 555 12.

Et maintenant ?
* * *




2 commentaires:

  1. Raaaaah vite la suite!!!
    Trop de tension ici ^^

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  2. je confirme ! Il y a bcp de tension :)
    C'est cool ça avance, mais je me demande pk "firehole" ^^

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