lundi 7 mai 2012

Rendez-vous à Firehole : partie 2

Toujours le 8 Août, 15h50




Bon, je respire un coup, 1er auto-stop, 1er bon contact. En même temps, j'ai joué la sécurité, j'ai évité le lever de pouce en sortie de bretelle d'autoroute et je me suis contentée de chercher une bonne âme sur le parking de la gare. Ok, ça m'a pris un moment, mais je suis finalement tombée sur un gentil petit gars, sûrement pas bien âgé, merci les lois américaines (au départ, j'ai eu peur, mais il conduit bien et calmement). Du coup, je viens de passer la moitié de la journée à baragouiner un anglais approximatif, à rire à des blagues que je ne comprenais pas, et à ressentir mes premières sensations des grands road-movies : chaleur, fourmis dans les jambes, envie de grignoter insatiable. Mon premier conducteur s'appelle Joad, j'ai appris qu'il rentrait chez ses parents à Buffalo, dans l'Etat de New-York (c'est donc là que nous allons) après avoir visité une partie du Québec. Sa petite copine habite là-bas. Il dit que les relations à long terme, ça ne marche jamais, qu'il y met tout son argent pour ne rester à chaque fois qu'une semaine. Qu'il lui manque l'essentiel.
Je crois que j'en sais quelque chose. N'empêche que certaines sentiments ne disparaissent pas, qu'on y mette cent ou mille kilomètres, alors que parfois tellement de choses séparent les gens quand ils vivent ensemble. Je sais, ça fait philosophie à deux balles, mais c'est vrai.
Bref. J'ai un peu tâté le terrain grâce à Joad, et ça sent le marais : comment retrouver un citoyen américain quand on sait seulement qu'il s'appelle Stephen, a de superbes boucles brunes et s'achète presque exclusivement des chemises à carreaux ? Peut-être qu'il y a des boutiques spécialisées en chemises à carreaux à Helena, et qu'il a sa carte de fidélité ? Plus sérieusement, j'ai pensé joindre les quatre incroyables dompteurs de troncs avec qui il fait du daving, mais impossible de trouver l'adresse de l'usine qui les embauche. Maintenant, je me mords les doigts jusqu'au sang de ne pas avoir écrit quelque part l'adresse de ces petites bicoques où on nous a sauvé la vie après l'accident de canoë. Il avait dû régler la note pour notre passage, laisser son nom quelque part. Mais j'étais trop en colère contre lui pour me soucier de ça, à ce moment-là.
Peut-être qu'il a donné son nom à Guillaume ? Bon, deux raisons pour laisser tomber cette piste : 1) C'est moi qui ai son portable, 2) ça ferait vraiment, mais vraiment salope de l'appeler pour lui demander ça (hey, salut Guillaume ! Bien rentré ? Au fait, est-ce que le gars pour qui je t'ai largué comme une merde dans l'aéroport t'aurais dit comment il s'appelle, par hasard ? Ah, et est-ce que tu peux passer arroser mes plantes, je vais être absente encore un moment...")
A midi, Joad a tenu à ce qu'on s'arrête dans un de ces petits restau de bords de route qui sentent la frite et la gasoil. C'était vrai:ment le truc typique, serviettes à carreaux, serveuse blonde à chewing-gum et petite jupette. J'ai mangé le truc le plus répugnant de toute ma vie, mais c'était affreusement bon.






On a tracé tout le reste de l'après-midi, six heures de route entre Montréal et Buffalo. On vient de faire une pause parce Joad tenait à me montrer le lac Ontario, et il a bien fait. 
C'est bourré de touristes près de la marina, mais en s'éloignant un peu, on découvre une lande sauvage qui me fait penser au sud de la France. D'ici moins d'une heure, on sera à Buffalo, et Joad a dit que je pourrais dormir chez ses parents sans problème. Il m'a aussi assuré qu'il m'aiderait autant que possible à mettre la main sur l'adresse de S... De nos jours, avec l'apogée d'internet, ce serait quand même dingue de pas réussir à localiser un habitant de la planète avec seulement son prénom.... Si ?


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1 commentaire:

  1. J'aime ! Je vais peut etre encore plus aimer cette seconde partie

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