vendredi 19 août 2011

Partie 7

Toujours le 4 juillet (donc je ne suis pas morte)


Épuisée, vivante, paumée dans un cybercafé quelque part à Montréal.
Il a fallu que je marche, que je marche très longtemps tellement le choc a été énorme. Je me suis d’abord retrouvée dans un cimetière magnifique et un peu flippant, et il y avait un arc-en-ciel. Franchement, je ne sais pas si c’est un si bon signe que ça.
Comme je m’embrouille un peu les pinceaux, je vais reprendre depuis le début et laisser de beaux espaces bien délimités pour les photos (j’ai réussi à en prendre alors que j’étais malade de stress).
Arrivée à l’aéroport assez décalquée. Forcément, je partais à 13h30 et j’arrivais à 15h10, sauf qu’entre les deux, merci les fuseaux horaires, il y avait sept heures quarante de vol. Passée l’excitation du décollage (non mais FRANCHEMENT, c’est génial ! Moi qui prenais mon pied dans Space Moutain, et ben là c’est carrément dix fois mieux), et après avoir réalisé que j’entendais rien à mon lecteur Mp3, le temps a commencé à me paraître long. J’avais de plus en plus envie de vomir, ce qui est moyen glamour, et plus on approchait de Montréal pire c’était. Le seul truc marrant, c’était l’accent du pilote, un avant-goût du Québec. Ensuite, ça a été les tous petits bâtiments de l’aéroport tout là-bas en dessous des nuages, et les applaudissements quand on a atterri (j’étais pas mécontente d’être sur la terre ferme, un peu comme Space Mountain quoi).
J’avais envie de dormir en débarquant et ça m’a fait bizarre de voir le ciel aussi bleu, alors j’ai pris des photos




Et puis je me suis mise en tête d’aller jusqu’au bout de mon insanité, donc j’ai pris un taxi, qui heureusement n’avait pas trop d’accent, et j’ai dépensé mes premiers dollars pour me faire conduire rue Bégin.
Je sais pas si c’était une réaction de mon corps pour me protéger de l’ENORMITE de ce que j’étais en train de faire, mais je me sentais complètement shootée et un peu déconnectée. C’était comme si c’était quelqu’un d’autre dans ce taxi qui remontait les rues de Montréal vers un inconnu abyssal (et avec le recul, j’aurais préféré que ce soit quelqu’un d’autre).
La rue Bégin n’a franchement rien de magnifique en soi. C’est un boulevard avec des bâtiments de deux ou trois étages de chaque côté ; quelques arbres ; des poubelles. Le taxi m’a déposée sur une super place en revanche, et j’ai pris ça :

Ensuite, j’ai marché. Comme une spectre ; comme le Corps sans âme dans les Contes de Cataplasmes (toute mon enfance). Je ne me rendais pas compte de ce que je faisais, et avant de comprendre, j’étais devant le numéro 8, et comme je me l’étais promis, j’ai pris la sonnette en photo.
Quand je pense que cette photo, j’aurais dû la prendre il y a cinq ans, en allant rendre visite à mon petit copain pour la première fois chez lui, ça me tue.
Voilà la photo en question.

Il n’y avait que son nom, qu’un seul étage au bâtiment en briques rouges. Là, j’étais terrorisée, de la pointe des orteils (vernis en abricot pour l’occasion) jusqu’au bout des fourches qui me servent de cheveux.
J’ai sonné. Si si, j’ai sonné.
Et j’ai attendu. C’était atroce. Heureusement, il n’y avait personne dans la rue, parce que je suis sûre que j’aurais fait peur aux petits enfants. Si Halley Joel Osment était passé par là, il aurait pu dire « je vois des gens qui sont morts » tant je devais ressembler à un cadavre ambulant.
Après une éternité où j’ai cru que j’allais dégouliner de la marche sur le trottoir, la porte s’est ouverte.
Un choc. Je ne vois que ça qui se rapproche assez de ce que j’ai ressenti. Mon cœur a fait un bond dans ma gorge, j’ai bien failli m’étouffer en l’avalant. J’avais bien sonné chez « Mathéo Stévenin », j’ai vérifié du coin de l’œil tant c’était impossible que ce soit lui.
Cet homme pesait bien 120 kilos, et il était POILU, mais alors dans le genre croisé de Robin Williams avec Lucy la femme-singe ; une barbe brune sur la moitié du visage. Mais les yeux verts, oui, des yeux familiers, j’avais bien peur de l’envisager.
Il transpirait. Il portait un t-shirt taille 65 de l’Université de Québec, il avait un magnum au chocolat blanc en mauvaise santé dans la main gauche et une télécommande dans l’autre.
J’ai dû attendre que ma langue reprenne sa place habituelle dans ma bouche avant de bavasser comme une cruche :
« Ma… Mathéo ? C’est toi ? »
Je reviens, il faut que je paye une nouvelle demi-heure au gérant du cyber-café.
Ah oui, la photo de l’arc-en-ciel….

Beau, non ? Ouais, ben, croyez plus aux bonnes choses que c’est censée promettre pour le futur. Moi ça y est, j’ai arrêté d’y croire en tout cas.
* * *



5 commentaires:

  1. Non ? Baaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhh!

    P.S : un + pour les contes des Cataplasmes....

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  2. nooon dit moi que c'est son frère jumeau !!! En tout cas il a bon gout (magnum au chocolat blanc, troooop bon ^^)

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  3. Bah j'espère que c'est pas lui ><

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  4. C'est forcément quelqu'un de sa famille... ça peut pas être autrement. Sinon je crois définitivement plus en rien !

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