18 juin 2011
Bon. Non seulement j’ai réservé le vol de 13h30 pour le 4 juillet, mais j’ai aussi annoncé à tout le monde que je partais. J’ai dit que ça serait pour trois semaines seulement, mais la vérité, c’est que je n’ai pas acheté le retour.
Aucune des discussions que j’ai eues ne m’a vraiment surprise.
Guillaume, en mode labrador :
Moi : « Je pars dans deux semaines au Canada. C’est mon rêve depuis que j’ai 13 ans, et je veux le réaliser avant d’entrer pour de bon dans la vie adulte. »
Lui (d’abord bouche ouverte, fermée, ouverte ; puis des larmes dans les yeux. Non, vraiment.) : « Oh… oui, je comprends… C’est super, ma chérie. Je viens avec toi si tu veux ! »
Moi (absolument pas subtile) : « NON ! »
Là, je me souviens que cette divagation canadienne quasi pathologique ne mérite pas que je m’acharne sur lui comme ça ; après tout, il n’a rien fait de mal (c’est peut-être ça le problème). Je tente de rattraper le coup :
« Je veux dire… Je veux faire ça toute seule. J’ai besoin de faire ce voyage. Ce sera pas long… Trois semaines, pas plus. »
Lui (vraiment labrador sur ce coup-là) : « Tu sais, même si tu devais partir cinq ans, je t’attendrais. »
Beuaaaark.
Bon, d’accord, je suis cynique et cruelle. Après tout, c’est le genre de phrase que toute fille rêve d’entendre. On crée des légendes sur des phrases comme ça. Mais pourquoi est-ce que ça ne me fait absolument aucun effet ? Pourquoi, quand j’ai rêvé qu’on m’attendait à l’aéroport de Montréal, c’était Mathéo qui se tenait au bas de l’escalator, en jean noir légèrement serré et veste en cuir cintrée ? (cuir marron, la veste. Et une chemise grise colle mao, avec des rayures plus claires. Je sais, faut que je me calme.)
Et puis, après Guillaume, ça a été Maman. J’aurais pu écrire cette conversation téléphonique bien avant de la tenir :
Elle : « Quoi ? Mais enfin, Elina, tu es enfin diplômée ! Tu crois vraiment que c’est le moment de partir je ne sais où ? Comment tu payeras ton déménagement ? Tu comptes toujours revenir sur Caen au moins ? Tu avais promis que tu reviendrais ! Tu crois que le loyer, et les frais d’agence se payeront tous seuls? »
Moi : « J… »
Elle : « Et Guillaume ? Pour une fois que tu dégotes un garçon qui veut bien de toi ! Il est parfait, ce garçon ! Pourquoi tu vas là-bas ? Tu ne cherches tout de même à le revoir, lui ? Oh mon dieu ! Dis-moi que ce n’est pas pour ça… »
(Pourquoi faut-il toujours qu’elle ait un radar pour ce genre de trucs ?)
Moi : « Non, c’est… »
Elle : « Tu es complètement folle ma pauvre fille ! Tu fais comme tu veux, mais moi je ne te suis pas ! Pas du tout ! »
Encore elle : « Redescend sur terre un peu ! »
Toujours elle : « Tu as 25 ans, tout de même ! »
Et pour finir, moi : « Salut, maman. On en reparlera quand je rentrerai. »
Pas besoin de retranscrire la conversation avec Fanny. Elle était complètement surexcitée. Après tout, c’est la seule à nous avoir connus ensemble.
Et moi alors ? J’ai réservé l’avion sur un coup de tête (et après plusieurs vodka-coca)…
Alors que tout ce que je sais de lui, c’est ça, et ça remonte à sa dernière lettre, le 12 juin 2006 :
Quand il m’a dit qu’il voulait qu’on se sépare, il a changé d’adresse e-mail et de numéro de téléphone. Et il a coupé court à toutes les relations qu’on avait en commun. Comme s’il voulait changer totalement d’identité…
Comme si j’avais tellement brisé son cœur qu’il voulait s’en créer un nouveau, tout neuf…
Je me déteste quand je repense à ça.
Quel droit j’ai d’aller le chercher là où il a voulu disparaître ?
….
J’espère que je n’ai pas fait la pire bêtise de ma vie en réservant ce vol.
* * *
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